1. Pouvez-vous décrire votre expérience de ce shooting photo pour vos portraits professionnels ? Comment vous êtes-vous sentie pendant cette expérience ?
– J’ai passé un moment très agréable. Tu m’as mise à l’aise tout de suite et a réussi à me faire apprécier un exercice dont je ne suis pourtant pas adepte.
Tu as été à l’écoute de mes envies, de mes attentes, de mon histoire. Tu as pris le temps et m’as montré d’autres pistes pour mes différents portraits, auxquelles je n’aurais pas pensé.
J’ai trouvé particulièrement intéressant d’avoir ton regard de photographe sur ce que tu perçois de ma personnalité.
J’ai été conquise par le résultat. D’abord parce que, pour la première fois, je me reconnais sur des photos. J’y vois celle que je regarde dans le miroir tous les matins. Et surtout parce que ces photos représentent bien plus que de simples clichés à mettre sur mes réseaux. Contre-jour, couleurs, sourire… elles symbolisent ce que je suis dans le présent, après une période très sombre de ma vie.
2. Quel est votre métier et votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a motivé à faire appel à un photographe professionnel ?
– J’ai plus de 25 ans d’expérience dans le domaine de la communication. Ces dix dernières années, j’ai exercé en tant que cheffe de cabinet ou directrice de communication dans des structures importantes, allant de 30 000 à 600 000 personnes.
De par mes fonctions et mon parcours, je suis régulièrement sollicitée pour des prises de parole : réseaux sociaux, podcasts, interviews, conférences… et, pour les illustrer, on me demande souvent une photo.
Je trouvais que celle que j’utilisais jusqu’à présent avait un peu vieillie (comme moi) et ne me représentait plus du tout. Dans mon métier, je connais l’importance de l’image et de faire appel à des professionnels pour transmettre le bon message. C’est pour cela qu’après avoir analysé ton travail, je t’ai contacté. Je trouvais que ta sensibilité visuelle pouvait bien me correspondre.
3. Quels aspects de votre personnalité ou de votre parcours vouliez-vous mettre en avant ?
– Je t’avais demandé deux types de photos : des professionnelles et des sportives. Les premières, bien que classiques, capturent mon état d’esprit actuel. J’ai envie de couleurs, de sourires, de quelque chose qui reflète une certaine légèreté retrouvée.
Les photos sportives, elles, sont un peu plus chargées de symbolique. Elles vont illustrer un projet qui me tient à cœur, littéralement : sensibiliser les femmes aux maladies cardiovasculaires. Il y a un peu moins de deux ans, j’ai fait un infarctus. Et si je me tiens debout aujourd’hui, c’est notamment grâce à la boxe. Si on regarde ces photos avec cette information, j’espère qu’on peut y voir bien plus qu’une boxeuse qui montre ses biceps.
Sur l’une d’elles, en dessous de mon poing, un petit cœur apparaît à mon poignet en premier plan. Il me rappelle chaque jour ce qui m’est arrivé, et surtout de prendre soin de moi. Sur d’autres, le contre-jour crée une atmosphère éthérée que j’adore, presque une lumière de résilience. Pour les amateurs de symboles, il y a aussi cette image où je combats la gauche, ce côté qui représente le passé. Un passé dont je me suis relevée.
4. Comment la boxe a-t-elle influencé votre confiance en vous et votre image ?
– Je pratique un sport de combat depuis 20 ans maintenant. Avant la boxe, il y a eu le ju jitsu. J’ai commencé à plus de 30 ans. Une découverte qui s’est révélée un coup de foudre et une pratique qui a profondément modifiée ma façon de parcourir l’existence. J’y ai évidemment trouvé, la confiance en moi, la discipline mentale, la gestion du stress, une certaine maîtrise de mes émotions. J’y ai affronté aussi la force et la violence sous une forme adoucie.
5. Pouvez-vous nous parler de votre parcours dans la boxe ?
– J’ai commencé la boxe il y a un peu plus de six ans, avec un coach individuel incroyable qui me suit encore aujourd’hui. Avec un champion du monde de Muay Thaï comme entraîneur, on ne peut que progresser rapidement. Mon parcours reste plutôt classique : apprentissage des techniques, répétitions jusqu’à ce que chaque mouvement devienne quasi instinctif.
Ce que je préfère, c’est le sparring. Il y a quelque chose d’unique dans cet échange, à la fois physique, stratégique et mental. Je m’amuse beaucoup.
La boxe est un sport fascinant, et il ne porte pas le nom de noble art par hasard. Elle inculque des valeurs importantes : le courage, le sens stratégique, la combativité.
6. Comment avez-vous découvert l’importance de sensibiliser les femmes à l’infarctus ?
Lorsque j’ai fait mon accident cardiaque, à aucun moment je n’ai pensé que mon cœur me lâchait. Je connaissais parfaitement les symptômes de l’infarctus masculin, mais comme 80% des femmes j’ignorais les signes de l’infarctus au féminin qui sont très différents. Mon vécu ressemble à celui de milliers d’autres femmes.
J’ai attendu cinq heures avant d’appeler le 15 car à aucun moment je n’ai imaginé que ces douleurs pouvaient être celles d’un infarctus. De cette expérience, j’ai découvert une réalité : les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité des femmes en France comme dans le monde.
Le projet de sensibilisation que je mène aujourd’hui, je le dois à une rencontre et à une envie. La rencontre avec une chercheuse, et l’envie de transformer cette épreuve en quelque chose de positif. Ce projet s’inscrit dans une démarche de Recherche participative et se matérialise par l’édition d’un recueil de type carnet de route ainsi que la réalisation d’une vidéo testimoniale.
Comme le dit la chercheuse, « ces recueils permettent de donner la parole à la personne, de valoriser son expérience et de transmettre un savoir précieux. Ils contribuent à une meilleure connaissance de la maladie et à l’amélioration des parcours de soin. »
Bien que mon carnet de route explore les différentes étapes de ma reconstruction, nous avons choisi de le centrer sur ma démarche de rétablissement « par et avec » la pratique de la boxe.
7. Quels sont les principaux messages que vous souhaitez transmettre à travers votre projet de sensibilisation ?
Simplement dire aux femmes comme aux hommes de faire attention à leur cœur et de bien connaître les signaux d’alerte.
8. Pouvez-vous raconter une anecdote qui vous est arrivée dans votre vie professionnelle?
Même après 25 ans de carrière, ma passion pour mon métier reste intacte. Ce qui m’anime toujours autant, c’est la richesse des rencontres, qu’il s’agisse d’anonymes ou de personnes plus connues. Je ne compte plus les ministres, les artistes, les personnalités médiatiques avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger. Mais j’avoue que l’événement dont je garde un souvenir mémorable reste celui avec l’ancien Président de la République François HOLLAND accompagné de 8 ministres. Un truc de dingue à organiser.
9. Une personne ou des personnes qui vous inspirent ? Pourquoi ?
Beaucoup de personnes m’inspirent mais pour rester dans la sensibilisation, je dirais Claire Mounier-Vehier, cardiologue et co-fondatrice de l’association “Agir pour le cœur des femmes”. Elle a fait de la prévention son cheval de bataille. Elle propose aux femmes de se faire dépister à bord du « bus pour le cœur des femmes ».
Céline : Moi aussi j’ai une question Oxana : si tu avais dû choisir une photo de moi que tu as prise laquelle et pourquoi ?
Oxana Photography : Je choisirais la photo où votre sourire éclaire tout votre visage. Il révèle votre force intérieure, votre fragilité délicate, et la beauté de votre âme.
C’est une image qui inspire, qui donne envie de vous écouter et de mieux vous connaître. C’est un instant capturé où l’on perçoit une femme à la fois ravissante et profondément humaine, une femme que l’on souhaite suivre et découvrir davantage.
Et merci Céline pour cette discussion tellement enrichissante qui ne laisse pas indifférent !